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10 juil. 2011

"Omar n'a pas tué."


En 1991 Mme Marchal, une femme de bonne famille, est assassinée à coups de couteau et de poutre dans sa cave. Elle est retrouvée quelques heures plus tard par la police, qui découvre également une inscription en lettres de sang qui accuse son jardinier d'origine magrébine Omar Raddad, et qui fera de ce meurtre l'une des affaires les plus médiatisées des années 90 : "Omar m'a tuer."

C'est sur cette histoire vraie que se base le second film de Roschdy Zem, sorti en début du mois de juin et qui retrace à la perfection le combat d'Omar Raddad contre l'injustice dont a fait preuve la France à son égard, depuis maintenant 20 ans. Toute la beauté du film repose sur le portrait touchant et fidèle du personnage principal joué par Sami Bouajila. Omar Raddad est un homme bon, honnête, croyant  et très proche de sa famille. Mais avant toute chose, c'est son humanité qui crève l'écran. Car oui, Omar est avant tout un humain avec ses défauts et ses failles, comme par exemple son addiction au jeu ou son incapacité à lire ou à écrire qui joueront un rôle important pour la justice dans son arrestation.

Dès le début, on comprend que pour le réalisateur, il n'y a aucun doute sur l'innocence d'Omar Raddad, qui est prouvée point par point tout au long du film. Omar est une victime de  la justice française, mais garde cependant une immense confiance dans le pays qui l'a accueilli et refuse de perdre l'espoir d'être innocenté jusqu'au moment de son procès, scène qui est sans aucun doute l'une des plus émouvantes du film : toute la famille du jardinier hurlant et pleurant à l'annonce du verdict qui condamne Omar à 18 ans de prison. A ce moment là  et pour la première fois depuis le début  du cauchemar, on voit Omar perdant tout espoir et goût à la vie, il tentera même de mettre fin à ses jours. Mais encore une fois, la beauté du film repose sur la capacité de cet homme à se relever de ses épreuves et à continuer son combat, quelqu'en soit le prix. Ainsi, on assiste aux derniers efforts du prisonnier pour obliger le juge à l'entendre : il prend des cours pour apprendre à écrire, fait une grève de la faim qui manquera de lui coûter la vie... Et obtient finalement sa libération 7 ans plus tard, grâce à l'aide de personnes extérieures (notamment Jean-Marie Rouart qui est l'auteur du livre qui a inspiré le réalisateur et dont on voit le processus d'écriture pendant le film). L'innocent retrouve donc sa vie, sa famille et découvre des centaines voir des milliers de proches ou d'inconnus le soutenant, mais également son propre fils ayant du mal à le reconnaitre...

Mais la liberté n'est pas suffisante, Omar veut plus. Ce qu'il souhaite, c'est retrouver son honneur et obtenir un nouveau procès dans l'espoir d'être enfin réhabilité. Il souhaite faire entendre sa voix, prouver son innocence et plus que tout, protéger sa famille. Et cela fait à présent 20 ans qu'Omar Raddad garde espoir de voir ses rêves se réaliser, mais aujourd'hui encore la justice refuse de l'entendre. Pour finir, espérons simplement que ce film magnifique permettra à cet homme de retrouver ce qu'il mérite et ce que la France lui a retiré.